Emmanuel BERNABÉU-CASANOVA
Scénariste de documentaire
Le « Polytalent »
Premiers aboiements il y a plus de 20 ans, pour l’événement le plus marquant de sa vie : sa « reprise de volée de 35 mètres, pleine lucarne, en étant latéral droit », alors qu’il joue à l’Union Corse, club de foot à Paris. « A l’époque, j’avais beaucoup de physique, beaucoup d’inspiration mais peu de technique. L’équipe ne voulait pas que je dépasse la ligne et marque. Mon inspiration a guidé mon physique et bravé les interdits pour ce but légendaire, reproché dans la foulée ».
Les seconds aboiements viennent contrarier sa vocation, l’enseignement. De 1998 à 2002, Docteur en géographie, il l’enseigne à l’Université Paris 8, en qualité de Chargé de TD et vit ses meilleurs moments professionnels. « J’aime rencontrer, partager et apprendre. Quel meilleur public -et alliés- que les étudiants, en quête de savoir et d’échanges ? Il y a fort longtemps que je sais que c’est à l’enseignement que je suis destiné mais on m’a fait comprendre que je n’étais pas assez bon ! ». En guise de pied de nez, il obtiendra son doctorat qualifié “Maître de Conférences” en février 2005 puis dans la foulée, son CAPES d’Histoire-Géographie.
Puis il se lance dans l’écriture – « des milliers de pages » -, rédige nombre d’articles – « tombés dans l’oubli » -, dresse un triste constat, aboie et s’adapte : « je me suis rendu compte que pour toucher et transmettre, l’écriture papier n’était plus adaptée à une génération qui ne lit plus, dont la concentration n’excède pas 2mn et pour qui le format TikTok fait loi ».
Alors, pour transmettre, il ajuste, se tourne vers le documentaire et écrit des scenarii. Son plus fort moment professionnel. « En 2013, j’écris mon premier scenario pour un documentaire historique de 52 mn, mis en image par France 3 Via Stella : Un esclave nommé Cervantes. Le producteur Jean-Michel Martinetti qui voulait un Pirate des Caraïbes, version Méditerranée, m’a fait confiance. J’ai bossé trois ans. Je l’ai fait ! » De ce documentaire, Jean Canavaggio, biographe et professeur émérite de littérature espagnole de l’université de Paris X-Nanterre, dont les travaux sur Cervantès font autorité, dira : « c’est un travail remarquable ».
Très vite, toujours avide d’échanges et de transmission – hors les murs du comptoir auquel il croit dur comme zinc-, Emmanuel se rend compte que le scenario est un superbe vecteur et se lance alors, trois ans plus tard, dans un nouvel opus : « Quand on parlait corse à Saïgon », un récit qui croise les regards et les époques et retrace l’épopée peu connue des Corses en Indochine.
Huit ans plus tard, le revoilà avec une grosse série documentaire en préparation sur « les compagnons de la Libération corses ». Treize ans de recherches, de rencontres, d’écriture. Sept épisodes de 26 minutes. Pour raconter le parcours de vie de compagnons de la Libération corses et « peindre » une fresque épique, un regard nouveau sur la Seconde Guerre mondiale.
« Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ». Winston Churchill
Fallait pas aboyer. Fallait pas contrarier sa vocation. Parce que l’artiste a un fort esprit de contradiction. En témoigne ce que ferait Emmanuel enfermé dans Buckingham Palace : « la même chose que Rowan Atkinson -alias Johnny English- mais en pire, à l’usu corsu. A l’envers de l’envers. » Ividently.
En film préféré, il n’en choisit pas qu’un (pourquoi faire simple) : “Land and Freedom”, film de Ken Loach, inspiré du livre de George Orwell sur la Guerre d’Espagne. « Un film qui me touche particulièrement puisqu’il raconte l’histoire d’une partie de ma famille ». Et « Le Général » de Boorman, film biographique sur le criminel irlandais Martin Cahill, qui grandit dans les cités pauvres de Dublin et tombe ensuite dans le grand banditisme. Personnage légendaire par son audace, son intelligence, son humour et son arrogance vis-à-vis de l’autorité.
Toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant existé ou qui ferait l’objet de ce portrait serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence…
Et le meilleur pour la fin. S’il devait être réincarné, Emmanuel serait un être hybride : mi Georges Best – footballeur international nord-irlandais, considéré comme l’un des plus grands attaquants de l’histoire- / mi Winston Churchill, écrivain et homme d’État anglais. « Pour l’humour et la force de frappe ! Multipliés par deux ».
Membre du jury de cette XVe édition du Festival du cinéma Britannique et Irlandais, l’édition de l’inédit, Emmanuel Bernabéu-Casanova espère y trouver « des bons films, un bon flegme, de l’alcool frais, de jolies rencontres… tout sauf un festival de connes, non ! de cônes, non ! de canes, non ! de C… ! » No comment.
Hey Emmanuel, looking forward to seeing you !