Michel VERGÉ-FRANCESCHI
Historien
L’ÉMERITE
Ceux qui le connaissent le décrivent comme « érudit », « brillant », « éclectique », les plus aficionados vont même jusqu’à dire que c’est un « humaniste de la Renaissance »… Michel Vergé-Franceschi, historien français, spécialiste de l’histoire maritime du XVIIIème siècle et auteur de l’ouvrage collectif La Corse et l’Angleterre XVIe-XIXe siècle, fait partie cette année du jury de l’Inédit, lui ajoute la mention Emérite et il y a fort à parier que c’est vers le haut qu’il va nous tirer.
Un parcours remarquable : à tout juste 29 ans, il soutient sa thèse de doctorat d’histoire sur l’École Royale de Marine du Havre (EHESS)et sept ans plus tard, en 87, sa thèse de doctorat d’État-ès-Lettres sur « Les officiers généraux de la marine royale ». Il dirige pendant des années le laboratoire d’histoire maritime du CNRS-Paris IV-Sorbonne-Musée national de la Marine et enseigne comme professeur d’histoire moderne à l’Université -il sera d’ailleurs « Professeur de classe exceptionnelle » à l’université François Rabelais de Tours- ainsi que dans l’enseignement secondaire.
Également Président de la Société française d’histoire maritime jusqu’en 2005, Michel Vergé-Franceschi, un historien français, à la fois professeur, conférencier et auteur d’essais et de biographies, spécialisé dans l’histoire maritime de la France, dans l’histoire de la Corse et dans celle de son célèbre empereur, Napoléon Bonaparte, a reçu nombre de prix, a publié moult articles et ouvrages et pourtant, ça n’est pas ce qu’il retient de ses années professionnelles.
Ses grands moments se nichent dans les rencontres, le rapport à l’Autre, en l’occurrence l’étudiant. « Je compte cinq grands moments de ma vie professionnelle : quatre sont des entrées et le dernier une sortie. Entrée dans la vie active comme professeur de collège en ZEP au Havre en 1975. Entrée dans le monde universitaire avec ma thèse de doctorat en histoire en 1980. Puis ma thèse de doctorat d’État-es-lettres en 1987. Entrée dans un amphi comme jeune prof de fac à 36 ans en 1987. Et mon dernier cours d’agrégation avant l’accès à l’éméritat en 2019 à 68 ans. »
Baigné toute son enfance dans une atmosphère de XIXe – « j’ai eu la chance de grandir entouré de mes arrières- (et) grands-parents » -, bercé par les tableaux et objets de leurs époques et alimenté par leurs histoires et anecdotes, Michel Vergé-Franceshi a toujours voulu étudier l’Histoire et l’enseigner. « Toute ma vie, enseigner l’Histoire a été un tel bonheur que je n’ai jamais eu l’impression de travailler ».
Incollable en généalogie – « une marotte que j’ai développé pour ma grand-mère Lucie Baldacci -à laquelle j’ai dédicacé mon « Histoire de la Corse »- , qui a toute sa vie recherché son frère et honoré sa mémoire », Michel Vergé-Franceschi qui a été élevé dans le culte de la famille et l’adoration pour la Corse, va être profondément marqué par la mort de ses parents : « celle de mon père de 88 ans, chez moi. Brutale. Inattendue, alors qu’il venait de servir le thé à ma mère après avoir fait 250km au volant de sa voiture. Puis celle de ma mère à 94 ans. Je l’avais rêvée la nuit où elle s’est cassé le col du fémur. Chez moi également ».
Nostalgique et sentimental – « j’ai deux passions dans la vie : les femmes et l’Histoire »- , Michel Vergé-Franceschi a une idée très assumée de ce qu’il ferait s’il était enfermé dans Buckingham (c’est la première fois que nous avons cette réponse et on adore !!!) : « l’amour ! »
Un humour que nous retrouvons dans le choix de son film anglais préféré : « je ne rate aucun Mr Bean. Je suis fan de l’humour anglais et surtout de l’humour chargé d’Histoire comme la mèche de cheveux ou la moustache de sir Charlie Chaplin dans Le Dictateur. J’aime également les documentaires comme celui de Dominique Maestrati et de Jean Paul Luciani sur les Femmes de Napoléon à Sainte Hélène à Longwood. »
Sans grande surprise -c’est une première également- Michel souhaiterait être réincarné en … fantôme pour « connaître la suite de l’Histoire du monde » et il nous chavire lorsqu’à la question de savoir quel serait son festival idéal, il répond : « le vôtre ! ».
Michel Vergé-Franceschi, avec cette XVe édition, on vous promet de belles rencontres, du partage, de l’humour, de l’amour, de l’Histoire, de l’inédit et du temps pour savourer tout ça. See you soon.
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1 Ouvrage dans lequel il réunit une dizaine d’historiens reconnus pour évoquer les relations étroites (Paoli) ou conflictuelles (Napoléon) entre la Corse et l’Angleterre.
2 « Jean Baldacci (1890-1914) : à corps perdu, une famille corse en deuil face à la guerre de 1914 ». Colonna editions.